Pour sa cinquième édition, le OuiShare Fest, qui se tiendra du 5 au 7 juillet prochains aux Magasins Généraux à Pantin, met les métropoles à l’honneur. Les cités seront-elles demain le siège du renouveau démocratique ? Sauront-elles conquérir un poids politique à la mesure de leur pouvoir démographique et économique ? Les réseaux mondiaux de villes prendront-ils le relai d’un système international à bout de souffle ? Aperçu du programme de ces trois journées pas comme les autres.
L’annonce, ce premier juin, par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris a suscité sidération et indignation dans le monde entier. Outre-Atlantique, la contre-attaque a d’ores et déjà été lancée par une poignée de maires de grandes villes, rassemblés au sein d’une organisation baptisée Mayors National Climate Action Agenda. Quels que soient les errements de la Maison Blanche, eux, déclarent-ils, feront en sorte qu’à l’échelle de leur territoire, le combat contre le réchauffement climatique reste une priorité. Aux municipalités, donc, d’appliquer un accord conclu entre nations. Une situation incongrue, diront certains.Serait-ce au contraire un signe d’un retournement décisif à venir ? Les métropoles, qui concentrent déjà les pouvoirs démographique, économique et culturel, ne sont peut-être pas condamnées à rester les acteurs politiques de second ordre qu’elles sont aujourd’hui. Au contraire : dans un contexte de crise démocratique, d’effacement des frontières et de délitement desdites Etats-nations, notre futur pourrait bien être fait de réseaux de Cités-États remises au goût du jour.
3 journées hors du commun
Ce scénario pas si fantaisiste que ça est au coeur de la cinquième édition du OuiShare Fest, qui prendra ses quartiers aux Magasins Généraux à Pantin. Comme d’habitude, l’événement mêlera conférences, ateliers et formats participatifs en tout genre ainsi qu'expérience immersives.
Au menu, cependant, quelques nouveautés, à l’instar du Tribunal des Générations Futures : si les robots devaient détruire toujours plus d’emplois, devrions-nous inscrire le droit à la paresse dans la Constitution ? Il reviendra aux jurés tirés au sort pour ce procès fictif imaginé par le magazine Usbek & Rica de trancher la question (mercredi 5 juillet). Autre nouveauté : les matinées des 6 et 7 juillet seront occupées par des masterclass de quatre heures animées par des experts venus du monde entier. Sur inscription, les participants pourront suivre un cours de storytelling avec la consultante éditoriale américaine Ariane Conrad, repenser leur ville comme plateforme avec les néerlandais de ShareNL ou encore apprendre à gérer une entreprise sans chefs avec les néo-zélandais du réseau Enspiral. Et sur le fond ? Chaque journée sera consacrée à une dimension bien particulière de cet essor annoncé des métropoles mondialisées.
Jour 1 : reprendre le pouvoir par l’action collective
Alors qu’il semble de plus en plus difficile de construire un consensus à l’échelle de la nation, que les identités politiques se fragmentent et que partout, le politique traverse une grave crise de légitimité, la ville pourrait s’imposer comme le théâtre d’un renouveau de l’action collective. Il est à cet égard notable que, de New York à Madrid, les mouvements sociaux emblématiques de ces dernières années ont pris la forme d’occupation de places. De par sa taille, entre autres, la ville est propice à l’éclosion de nouvelles formes de démocraties participatives, aidée par la révolution des civic tech.
La scène du festival accueillera deux pionniers des technologies citoyennes : Pia Mancini, co-fondatrice des plateformes DemocracyOS et Open Collective ainsi que du parti politique argentin Partido de la Red, et Jeremy Heimans, activiste et entrepreneur australien à l’origine de la plateforme de pétitions en ligne Avaaz et de Purpose, qui prône une transformation en profondeur de l’idée même de pouvoir dans les sociétés connectées. Dans un autre registre, Alastair Parvin, créateur de la fondation WikiHouse, qui applique les modes d’organisation de la célèbre encyclopédie en ligne Wikipedia à l’architecture et le design, évoquera la réinvention des villes par les citadins eux-mêmes. Et puisqu’il est important d’articuler le local et le global, cette première journée sera conclue par un match de foot inhabituel : Pantin contre le reste du monde !
Jour 2 : repenser la ville comme écosystème
Comment passe-t-on d’une masse d’individus atomisés à un écosystème structuré ? De par leur densité, les villes seront-elles capables de se réinventer comme plateformes au service de leurs habitants ? Partout dans le monde, les dirigeants politiques rêvent de créer leur propre Silicon Valley. Mais n’y a-t-il pas d’autres exemples à suivre ? Tel sera le sujet du débat entre Nicolas Colin (The Family), Jennifer Clamp (Techweek NZ) et Rui Quinta (With Company). L’universitaire et gourou du management Anil Gupta, quant à lui, expliquera pourquoi les entreprises auraient tout à gagner à s’inspirer des mouvements militants, et Juan Pablo Ortega (Innotegia, ville de Medellin) et Malik Yakini (Detroit Black Community Food Security Network) seront là pour rappeler que c’est parfois dans les villes qui ont traversé les pires crises qu’on innove le plus.
Un “fishbowl” - format hybride, entre conférence assise et débat participatif, récurrent dans les événements estampillés OuiShare - sera par ailleurs l’occasion de discuter de la régulation des plateformes collaboratives géantes par les municipalités.
Jour 3 : bâtir des réseaux de villes globaux
Comment faire pour que la conquête d’une plus grande autonomie par les villes ne se traduise pas par un mouvement de repli ? Comment éviter que le fossé entre métropoles et territoires périphériques ne continue de se creuser ? Faisant écho à la conférence inaugurale de Mark Watts (directeur du C40 Cities Climate Leadership Group, l’organisation au sein de laquelle les plus grandes villes de la planète se coordonnent pour lutter contre le réchauffement climatique), la thématique des réseaux, sous toutes leurs formes, sera centrale dans cette troisième et dernière journée. Tomas Diez, le fondateur du réseau Fab City, partagera sa vision d’une production industrielle relocalisée au sein de Fab Labs urbains connectés entre eux. Dylan Hendricks (Ten-Year Forecast) présentera sa vision de l’Internet des villes et du futur des frontières. Une table ronde avec les créateurs de Darwin Eco-Système (Bordeaux) et des Ateliers La Mouche (Lyon) sera l’occasion de débattre du rôle des lieux alternatifs dans l’urbanisme de demain.
Et pour finir en beauté, les bords du canal de l’Ourcq accueilleront un authentique carnaval brésilien ! Découvrez l'intégralité du programme en ligne!Et prenez vos billets!